L’ensemble de la communauté des tabacologue réclame depuis des années une augmentation d’au moins 10 % du prix du tabac, seuil en dessous duquel on ne note pas d’impact sur la consommation. Cette fois cest fait. Nous en espérons une diminution très forte de la consommation de cigarettes comme cela s’est effectivement produit en 2004. Les autorités politiques et de santé avaient décidé de « mettre le paquet ». Résultats : une augmentation en quelques mois du prix des cigarettes de près de 40 % s’était traduit par une baisse de la consommation du même ordre.

Après cette augmentation de mars 2018, il est prévu de nouvelles hausses plus modestes en 2019 et en 2020. On ne peut donc pas comparer strictement ce qui s’est passé il y a une quinzaine d’années à ce qui a été décrété cette fois.

Mais il faut avoir à l‘esprit qu’une baisse de quelques points de la consommation ne signifie pas à tous les coups une baisse du nombre de consommateurs. Loin s’en faut. Pour viser cet objectif, il faut envisager des mesures complémentaires et notamment des mesures de prévention auprès des plus jeunes, dont les éventuels effets ne se manifesteront que dans plusieurs années et une politique plus dynamique d’aide à l’arrêt du tabac des adultes.

Par ailleurs les tabacologues savent bien que s’il vaut mieux fumer 5 cigarettes par jour que 20, passer de 20 à 5 peut parfois se révéler une mauvaise opération à court terme. En effet le besoin d’une dose spécifique et habituelle de nicotine peut conduire le fumeur qui diminue sa consommation à tirer plus fort sur ses cigarettes pour compenser. Il peut en résulter alors une augmentation du taux de monoxyde de carbone (marqueur des maladies cardiovasculaires) dans l’air expiré, et une inhalation plus profonde et donc plus néfaste pour l’intégrité des voies respiratoires et en particulier des poumons. En fait, une diminution de la consommation à l’échelle individuelle devrait n’être qu’une étape vers l’arrêt total.

En résumé, les questions qui se posent sont les suivantes : la diminution de la consommation globale de tabac sera-t-elle accompagnée d’une diminution du nombre de fumeurs et ne risque-t-elle pas de compromettre, si elle n’est pas suivie d’un arrêt total, d’une aggravation des risques liés au tabagisme ?

Patience et attendons les effets de cette hausse pour porter un jugement définitif.